Dans cet épisode de Future Perfect | Futur Antérieur, Malcom Ferdinand, politiste et ingénieur en sciences environnementales martiniquais, revient sur le scandale sanitaire du chlordécone dans les territoires français d'outre-mer de la Martinique et de la Guadeloupe.
Entre 1972 et 1993, le chlordécone, produit chimique hautement toxique, a été utilisé dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe, alors que des études avaient déjà établi son caractère cancérigène et le développement de troubles neurologiques graves aux États-Unis. Aujourd'hui, 90 % de la population de la Martinique et de la Guadeloupe ont des traces de chlordécone dans leurs corps et ces territoires ont des taux de cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde (et 2 à 3 fois plus élevés qu'en France métropolitaine).
Néanmoins, la justice française a prononcé en janvier 2023 un “non-lieu" en réponse à la plainte déposée par des activistes martiniquai.e.s et guadeloupéen.e.s en vue d'obtenir réparation pour les dommages causés par l'utilisation du chlordécone aux écosystèmes et aux corps antillais. Leur plainte ne donnera donc pas lieu à un procès.
Pendant notre échange, Malcom revient sur l'utilisation et la production de chlordécone par les propriétaires des bananeraies en Martinique et en Guadeloupe, l'inaction de l'État français, la récente décision de justice, et l'impact sur les corps et les moyens de subsistance des Antillais. Il explique comment ces événements s'inscrivent dans la continuité du passé esclavagiste de la France, et comment la violence coloniale se perpétue dans les réponses de l'État français et des tribunaux à ce scandale sanitaire aux Antilles.
En se tournant vers l'avenir, Malcom considère les questions suivantes : Comment vivre avec une telle toxicité ? Lorsque les écosystèmes sont empoisonnés pour des décennies, voire des siècles, quels avenirs peut-on imaginer ? À quoi ressemble la poursuite de la justice ?